Phnom Penh
Après les temples d'Angkor, nous avons rejoint la capitale Phnom Penh par bus.
On aurait pu prendre le bateau et naviguer sur le Tonle Sap, voir au passage des villages flottants, mais les eaux n'étaient pas assez profondes pour permettre la navigation sans problème, même en saison des pluies. De toute façon j'avais lu sur tous les bouquins et sites possibles que les normes de sécurité étaient inexistantes, je n'étais donc pas très chaude pour ce type de transport. On est tout de même passés près du lac :
Nous avons mis six à sept heures pour rejoindre la capitale ; forcément, on traverse le pays ou presque. A l'arrivée il y avait deux hôtels du même nom, évidemment on a atterri dans le mauvais. Il a fallu repartir à pied avec les valises sous le bras, Damien avec ses béquilles a eu un traitement de faveur et a été transporté en mobylette. Il s'est avéré que l'hôtel qui nous attendait, de style colonial, était très chouette.
Situé dans le secteur du Palais Royal, on a pu profiter d'une sympathique petite piscine
et surtout d'un point de vue particulièrement intéressant - voir au fond à droite.
De là-haut on avait vu sur le Palais Royal et le Musée National, deux sites incontournables de la capitale.
La ville comporte plusieurs secteurs - héritage du colonialisme français - qui ne sont finalement pas si éloignés les uns des autres. Si on est bien organisé, on peut tout faire assez rapidement, en tuk tuk ou avec nos petites jambes si on est courageux ; option qu'on a choisie, malgré la chaleur. On en a fait des kilomètres à pied !
Selon la légende, Phnom Penh a été fondé en 1372 à l'initiative d'une vieille femme, Yeah Penh, qui aurait trouvé un tronc de koki dans le fleuve avec quatre statues de Bouddha à l'intérieur. Elle les aurait déposés sur une colline, aurait bâti un petit sanctuaire autour, et la ville se serait formée autour. Phnom Penh signifie "la colline de Penh". Ci-dessous sa statue,
Et quelques bas-reliefs représentant les quatre bouddhas dans le tronc d'arbre :
Le Palais Royal et sa Pagode d'argent, construits par les Français en 1966, sont la demeure de la famille royale. L'ancien roi Norodom Sihanouk y a vécu ; aujourd'hui c'est le roi Norodom Sihamoni qui y réside. Les couronnements et autres cérémonies importantes ont lieu dans la salle du trône.
Vue depuis la rue :
L'ensemble, à part les quartiers royaux eux-mêmes et quelques bâtiments rénovés, est ouvert au public.
La salle Napoléon III, sur la gauche, en rénovation actuellement, se trouvait jusqu'en 1873 en Egypte. C'est un cadeau de Napoléon III au roi Norodom :
La pagode d'argent, appelée aussi Pagode du bouddha d'émeraude, était originellement en bois. Elle a été reconstruite il y a cinquante ans ; elle est composée de six tonnes d'argent sur son sol. Le roi y fait célébrer des cérémonies bouddhiques. Elle recèle un grand nombre d'oeuvres d'art, objets de toutes sortes offerts par la famille royale ou des dignitaires étrangers, et notamment toutes sortes de statues bouddhiques. L'intérieur est absolument magnifique, malheureusement les photos y sont interdites.
Parmi les statues, celles du bouddha d'émeraude en cristal de Baccarat, un bouddha grandeur nature en or pur incrusté de milliers de diamants (faite à la demande du roi Norodom à partir de son cercueil d'or), un bouddha en marbre de Birmanie, un grand bouddha en bronze, un autre en argent, et une multitude de figurines. Un petit stupa contiendrait les cendres de Bouddha rapportées du Sri Lanka.
En haut de la tour, le visage est inspiré de ceux du temple du Bayon à Angkor :
Statue équestre du roi Norodom - dont la tête a remplacé celle originelle de Napoléon III :
Stupas dont la première contient les cendres du roi Norodom.
Angkor Vat en miniature :
Le Keung Préah Bat contient entre autres les empreintes de 4 bouddhas qui ont atteint l'éveil.
Proche du Palais Royal et de la Pagode d'argent, le Musée national, en terre cuite rouge, comporte environs 5000 objets datant du 4ème au 13ème siècle, dont une grande collection d'art préangkorien et angkorien.
A l'intérieur les photos sont interdites, mais pas à l'extérieur. Nous avons pu voir la salle des palanquins,
des peintures du roi Norodom Sihanouk (père) et de la reine (mère)
ainsi que de leur successeur Norodom Sihamoni :
Il y a aussi de nombreuses photos de cérémonies ayant eu lieu sur les sites d'Angkor.
Les tapisseries représentant des scènes de la vie quotidienne angkorienne d'autrefois valent le coup d'oeil également :
Non du musée, le monument de l'Amitié Cambodge-Vietnam, sur la place de la Démocratie, a été édifié en l'honneur des soldats vietnamiens qui ont chassé les khmers rouges en 1979.
Le monument de l'Indépendance, achevé en 1958, soit cinq ans après l'indépendance du pays. Son architecture est inspirée de celle du temple angkorien Bantéay Srei.
Un autre monument lui a été adjoint à quelques mètres de là :
Il comporte la statue du roi Norodom Sihanouk décédé en 2012 :
A côté, le temple Vat Lanka contient les cendres de membres de la famille royale. Environ 250 moines venus de tout le pays y vivent, et 300 étudiants suivent des cours au sein de son école.
On y procède à des cérémonies religieuses au cours desquelles on lit des histoires de Bouddha.
Le marché central, surmonté d'un dôme tout jaune, regorge de produits en tous genre : vêtements, matériel électronique, bijoux, fruits et fleurs... Nous y avons dégoté des tee-shirts, des chaussures et des lunettes.
Le Vat Phnom se trouve sur la colline de Phnom Penh, là où Mme Penh aurait édifié les quatre statues de bouddha qu'elle avait trouvées dans un tronc d'arbre. C'est la pagode la plus réputée de la ville, de nombreux Cambodgiens viennent y prier chaque jour.
L'entrée principale, composée d'un escalier gardé par des lions et des nagas :
Horloge illuminée la nuit :
Les singes des alentours, ou "singes gangsters", repoussés à cause de leur tendance au vol...
Là, nous sommes déjà dans le quartier français, au nord de la ville. Nous sommes passés devant le bureau de poste construit fin 19ème et rénové récemment :
Vers le sud se trouve le musée Tuol Sleng du génocide, surnommé le S21, que nous avons traversé de haut en bas, sans les enfants.
C'était à l'origine un lycée, jusqu'à l'arrivée des Khmers rouges qui l'ont transformé en une horrible prison de torture où ils envoyaient des prétendus opposants au régime, hommes, femmes, enfants et même bébés. Environ 16000 détenus y ont séjourné et y ont été torturés jusqu'à avouer leur soi-disant traitrise, avant d'être exécutés inéluctablement au site d'extermination de Choeng Ek.
Le règlement intérieur mis en place par le directeur, ancien professeur de maths :
Il n'y a eu que 7 survivants, dont le peintre Vann Nath qui doit sa survie à ses talents de peintre ; pour sauver sa peau, il a en effet représenté à la demande des dirigeants khmers rouges des scènes de torture quotidienne.
Ce musée est absolument insupportable à visiter. On ressent de la terreur et de la douleur dans ses murs.
Après l'entrée, plusieurs pièces dans le prolongement les unes des autres montrent les portraits des prisonniers que les Khmers rouges avaient pris soin de photographier au moment de leur arrivée et au moment de leur mort.
Des panneaux expliquent ce qu'il se passait dans chaque pièce.
Le centre a été libéré le 7 janvier 1979.
Le site est devenu un musée et un mémorial cette année-là, au cours de laquelle un soit-disant procès a été mis en place contre les dirigeants khmers rouges, sans aucune conséquence pour les jugés.
Plus tard, dans les années 90, certains tortionnaires ont été exilés, quelques-uns mis en prison, d'autres sont morts sans avoir été jugés, comme Pol Pot.
Dans les années 2000, les Nations Unies se sont emparées du procès et ont défini de nouvelles normes judiciaires pour juger les fautifs ; ainsi, les juges et avocats présents aux procès étaient de différentes nationalités et non pas uniquement cambodgiens.
Le directeur du site Duch n'a été condamné qu'en 2010 à 30 ans de prison pour crime contre l'humanité.
De nombreux camps similaires ont été installés dans tout le pays durant le régime des khmers rouges. Ce sont plus de 2 200 000 personnes qui auront été massacrées par le régime.
Le procès des hauts dirigeants khmers rouges n'est pas terminé alors qu'il concerne des faits ayant eu lieu entre 1975 et 1979. Il ne reste en effet que deux hauts dirigeants encore en vie. Ils ont été condamnés, presque 40 ans après les faits (en août 2014), à la prison à perpétuité pour crime contre l'humanité. Ils ont fait appel, et comme l'un deux boycotte la défense, il y a ajournement du procès jusqu'au 8 janvier 2015...
Cette dernière visite ne fut pas l'une des plus agréable qui soit, mais n'en demeurait pas moins nécessaire pour comprendre le Cambodge et ses habitants.
Nous aurions du la prolonger avec la visite du charnier situé 14 kilomètres plus loin, mais nous n'en n'avons pas eu le courage, et pas le temps non plus car nous avons quitté Phnom Penh peu après.