Notre chère Mamée
Avant de partir pour Canton, on s'est demandé : "seront-ils tous toujours là lors de notre retour ?"
C'était notre principale crainte, celle qui nous a fait douter, hésiter à franchir le cap. Et on s'est dit : "ils ne nous en voudront pas, c'est une expérience unique, ils seront heureux pour nous qu'on la vive".
Ce que nous craignions nous est malheureusement arrivé. Nous avons perdu la grand-mère de Jérôme il y a quelques jours, ma deuxième grand-mère, comme je la considérais.
Nous avons été géographiquement loin d'elle pendant plusieurs mois, nous lui avons manqué pendant tout ce temps mais ce qui me réconforte tout de même, c'est que nous ne l'avons finalement pas moins vue que lorsque nous habitions dans le sud, au contraire même, grâce aux moyens modernes d'aujourd'hui.
Et je sais qu'elle était heureuse de nous savoir heureux.
Malgré tout, sa disparition nous a bouleversés, et, au beau milieu de la nuit, prise d'insomnie, j'ai tenu à lui rendre un dernier hommage :
Mamée,
Ma deuxième grand-mère,
Celle qui m'a accueillie à bras ouverts,
Au sein d'une famille où sentait bon la liberté,
Où régnait le droit de penser, de s'exprimer,
Sans peur d'être jugée,
Où, comme auprès de mon père,
De ma mémé et de mon pépé,
Je me suis sentie aimée et respectée.
Arrest,
Où la plénitude dirige mes pensées,
Où nous avons choisi de nous marier,
Avec le sentiment qu'auprès de Papé et Mamée,
Comme eux, notre union serait protégée.
Mamée,
Que je revois cuisiner,
bêcher et semer,
Finir sa journée épuisée mais comblée,
Faisant même la route jusqu'à Mazamet,
Puis rester au jardin toute la journée.
Mamée,
Qui a beaucoup travaillé,
Mais qui savait aussi s'amuser.
J'ai toujours admiré
La voir rigoler, danser,
Bien après que la nuit soit tombée.
Comme j'espère lui ressembler !
Mamée,
Qui êtes venue me chercher,
A la sortie de la maternité,
Avec l'heureuse complicité de Papé,
Vous nous avez beaucoup gâtés.
Mamée,
Qui n'avez pas hésité,
Qui vous êtes si bien occupée
De mes deux petits félidés,
Eux aussi, ici,
Se sont sentis choyés.
A leur manière,
ils vous ont accompagnée,
Vous l'avez bien mérité.
Car Mamée
Qui nous a vus nous éloigner,
Se demandait avec regret ,
Quand elle allait nous retrouver.
Mais grâce à la modernité de notre société,
Nous sommes toujours restés connectés.
En rapportant du thé depuis notre contrée,
Nous nous sommes mis à espérer.
Chère Mamée,
C'est pourtant aujourd'hui que vous nous quittez,
Nous y avons été préparés,
c'est quand-même dur de l'accepter.
Mais de nombreuses belles pensées,
D'heureux moments partagés,
Restent en moi gravés
Je ne pourrai les oublier.
Chère Mamée,
Vous allez nous manquer.
J'ai du mal à réaliser qu'il n'y aura plus Mamée à Arrest. Arrest sans Mamée, ce n'est plus tout à fait "le même" Arrest ; mais à Arrest, il y a Papé, et Domi, qui j'espère, vont trouver la force et le courage de surmonter cette épreuve - comme Mamée l'aurait souhaité. Car Mamée vit toujours dans nos pensées.
Je vous envoie à tous les deux de gros baisers.